Esperance Jennings

Esperance... franchement, je me suis toujours demandée ce qui s'était passé dans la tête de ma mère pour qu'elle m'appelle comme ça. Mais bon, j'ai jamais eu le temps de le lui demander parce qu'elle et mon père son morts dans un accident de voiture quand j'avais quatre ans. Après ça moi et mon prénom, on est parti s'installer à Odessa chez mon oncle et ma tante qui allait m'élever. Pour résumer mon existence, disons que je suis née au Texas, j'ai grandi au Texas et je mourrai probablement au Texas. Si mon prénom étonne tant, c'est sans doute parce qu'il s'agit de la seule chose originale dans ma petite vie tranquille. J'ai 20 ans, j'ai arrêté le lycée à 16 pour avoir mon indépendance, je travaille dans un café et je suis obligée de faire du charme à mon propriétaire pour qu'il accepte mes retards dans le paiement de mon loyer. Je n'ai pas d'homme dans ma vie, aucune perspective d'avenir. La seule chose qui m'empêchait de me tirer une balle dans la tête, c'était le fait de donner un peu de mon temps pour les autres. Je suis bénévole et je fais la lecture aux retraités. J'ai beau avoir un sale caractère et un tas de défauts, vous serez bien obligés de reconnaître que je suis généreuse. C'est bien la seule qualité que je me trouve d'ailleurs. Je n'arrive pas à faire du mal aux autres. Pour moi c'est impossible.
Cette vie, j'airais pu la continuer jusqu'à ma mort. Mais ce que je ne savais pas, c'est que le destin ou un truc de ce genre avait prévu autre chose pour moi. Je me souviendrais toujours de ce jour où cet homme a fait un malaise dans le café. Il faisait une chaleur d'enfer ce jour là. Je me suis précipitée sur lui. Il était en train de mourir, une crise cardiaque je crois. Et quand je lui ait pris la main, j'ai senti cette énergie formidable en moi. Il s'est réveillé comme par miracle, en parfaite santé. Mais non c'est absurde. Je n'y suis pour rien. C'est impossible. C'est impossible. C'était juste une coincidence.

Pour la jeune Esperance, il s'agissait d'un après-midi comme toutes les autres. Elle servait des cafés, faisait la discution à quelques clients, servait des cafés, nettoyait et débarraissait les tables et servait encore des cafés. Une routine à laquelle elle était habituée, elle ne pensait même plus à ce qu'elle faisait, effectuant chaque tâche avec l'automatisme d'un robot. Seulement, ce qu'elle ignorait encore, c'est que cet après-midi là allait être marqué par un événement tout-à fait peu commun.
Cet événement commença à l'arriver d'un certain client, un homme d'une quarantaine d'années, un client ordinaire. Elle lui servit un café, comme à tous les autres. Elle était partie nettoyer une table, quand le drame se produisit. Ce qui avait provoquer le comportement de cet homme, elle n'en avait pas la moindre idée. Quoi qu'il en soit, il était devenu comme fou furieux, se mettant à briser tout ce qui se trouvait à sa portée. Chaises, tables, tasses, tout y passait. Esperance resta tout d'abord interdite, stupéfaite par le spectacle. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait? Il avait pourtant eu l'air tout-à fait calme quelques minutes auparavent. Au bout de quelques instants, elle se rendit compte qu'il allait finir par tout détruire. Les malheureux clients qui étaient là avaient filé pour la plupart. Aidée de deux autres serveuses, Esperance se précipita sur l'homme pour essayer de le maîtriser, mais rien à faire, il bougeait beaucoup trop et était d'un assez grand gabarit. Esperance essaya malgré tout de lui attrapper les bras pour l'empêcher de bouger pendant qu'elle huralit à l'un des clients d'appeler la police. Elle n'aurait pas craché contre un peu d'aide supplémentaire mais visiblement, il valait mieux ne pas y compter. Elle n'allait pas tenir longtemps, il était trop fort pour elle. Heureusement, elle entendit à ce moment un bruit bien distinct qui annonçait l'arrivée de la police.